
Mathilde VIALLE, viole de gambe
Etienne BAZOLA, baryton
Passez amants doucement votre temps
Airs de cour et chansons anglaises du XVIIème siècle
Depuis que l’Homme chante, il chante l’amour. Dans la musique écrite parvenue jusqu’à nous depuis la Moyen-Âge, les chansons d’amour occupent une place toujours centrale. C’est à celles qui proviennent de la France et de l’Angleterre du XVIIème siècle, deux pays rivaux et pourtant si proches dans leurs musiques, que nous dédions ce programme.
« Puisque les ans n’ont qu’un printemps, passez amants doucement votre temps ». Cette première phrase, qui a ouvert le concert par une chanson de la fin de la Renaissance, reprend l’idée merveilleusement développée par Pierre de Ronsard dans son Ode à Cassandre d’un amour éphémère, dont les beaux jours sont comptés.
Sur une basse de chaconne d’une apparente insouciance, le célèbre air de cour « Vos mépris chaque jour » de Michel Lambert nous dépeint un amoureux éperdu qui « mourrait de plaisir » s’il était plus heureux, malgré les maux que l’amour pour sa belle lui fait endurer. Ont suivi plusieurs airs de déploration laissant place à la tristesse et au désespoir dans des chansons où le temps semble s’arrêter (Alas, poor man de Tobias Hume ou encore Laissez durer la nuit de Michel Lambert).
Un soldat amoureux un peu loufoque fait son apparition au milieu du programme (Soldier’s Song et Soldier’s Resolution de Tobias Hume). D’autres amoureux transis, sous les effets de la boisson, nous pleurerons leurs déboires ou se réjouiront de leur ivresse amoureuse (There’s nothing so fatal as women d’Henry Purcell, l’air à boire Amour, je me ris de tes lois ou encore Le jeu, les femmes et le vin de La Barre).
À ce florilège de chansons anglaises et airs de cours français se sont ajoutés des pièces de viole seule de la même époque. Plusieurs sont tirées d’un recueil de pièces de Tobias Hume, violiste (et soldat!) du début du XVIIème siècle. Ce recueil, The first part of Ayres, contient également plusieurs chansons dont nous vous proposons l’intégralité dans notre programme.
Sentiment se hissant au-dessus de tous les autres, l’amour revêt tour à tour des habits séduisants, des apprêts tendres, mais sait aussi se montrer courroucé, ou bien s’abandonne à une infinie tristesse mélancolique. Ce sont tous ces passages que l’âme traverse dans son voyage amoureux que nous avons voulu donner à entendre.
« La chanson la plus charmante est la chanson des amours » Victor Hugo
Un peu de patience …..
Comme vous pouvez le voir sur la photo, les musiciens ont filmé leur prestation et ont promis de nous partager un extrait de leur merveilleux concert. Leur complicité et leur jeu scénique ont conquis le public qui sera très heureux de revivre un moment d’exception.
Nous vous livrons ci-dessous le texte d’une personne qui a participé au concert et qui en fait un éloge bien mérité.
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Au Manoir de Kerboutier
Amants, posez vos âmes ici, dans le calme d’un instant volé.
Rien qu’une table, deux chaises, et une flamme qui chuchote entre nous.
Deux verres, un silence tendre, et le temps, soudain, cesse de fuir.
Mathilde VIALLE,
comme une brise ancienne fait chanter la viole de gambe.
Ses doigts effleurent les cordes comme on caresse un souvenir.
Un archet qui pleure, un pincement qui rit,
et la musique devient souffle, devient peau, devient mémoire.
Etienne BAZOLA, baryton,
Voix basse comme la terre, chante comme on raconte une histoire
qu’on n’a jamais osé finir.
Son chant n’est pas un spectacle, c’est une porte ouverte sur ce qu’on oublie d’être.
Leurs regards se trouvent, leurs souffles se reconnaissent.
Pas de masque, pas de bruit, juste la vérité nue comme une main tendue dans l’ombre.
Un moment suspendu,
un échange plus fragile qu’un soupir, plus vrai qu’un serment.
Et dans ce grand silence, un éclat de rire, comme une étoile qui traverse la nuit sans demander où elle va.
Tobias Hume est là, dans l’ombre douce du passé, il a écrit ces notes pour que l’instant ne meure jamais.
Et Benoit,
l’homme qui fait naître la lumière dans les recoins oubliés, a ouvert une porte entre le rêve et la peau. Un chiffre, un souffle, une invitation à revenir, non pas pour revivre mais pour se souvenir que la beauté, c’est ce qui reste quand tout le reste s’en va.
Texte d’un auditeur anonyme.
